Sources des informations et photos : Forums Allemands Bauforum24/Baumaschinenbilder, archives Menck&Hambrock, Mci-Austria, sites internet Japonnais, article de Max Schulz (Jahrbuch Baumaschinen 2019) et article de Heinz-Herbert Cohrs (Jahrbuch Baumaschinen 2004), site Allemand Baggerfreunde, fabricant Frutiger, magazine 建機グラフィックス Vol.11., CIRT'hem (PHC), lmjx, youku, product.cmol, military today, it.cri, ...
Son histoire :
L'histoire très intéressante du scrapedozer (schürfkübelraupen ou schürfraupe(n) en Allemand) remonte aux années 1930-1940 , quand le ministre du travail Fritz Todt et l'armée Allemande (Wehrmacht) recherchaient une machine de terrassement pour aménager rapidement les terrains.
- En 1934 l'ingénieur Allemand Hugo Cordes (petit-fils de Johannes Menck, l'un des fondateurs de MENCK & HAMBROCK) revenant tout juste de ses études en mécanique aux USA (et d'un an de travail chez P&H) eut l'idée de fabriquer un scraper tracté d'1m³, deux ans plus tard ce premier prototype a évoluer en scraper de 4m³ sur quatre roues tracté par un tracteur sur chenilles HANOMAG KD48. Par la suite, avec l'aide de l'ingénieur Günter Kühn ils se sont penchés sur la conception d'un scraper autonome sur chenilles avec une caisse centrale et une lame à l'avant pour être polyvalent, le scrapedozer était née.
- En 1938-1939 H.CORDES et MENCK & HAMBROCK ont fabriquer les premiers scrapedozers SR39 en 1939 et SR43 en 1943. Après la seconde guerre mondiale, ils ont amélioré leurs machines en fabricant les SR53, SR65, SR40 LGP avec des tuilles de 1200mm, et SR85.
- A partir de 1957 les machines MENCK ont été importées en Suisse par Edwin Frutiger qui présentera les scrapedozers à l'entreprise Japonaise NIPPON-SHARYO (NISSHA) qui avait besoin d'un engin de terrassement de masse adapté à toutes les conditions météorologiques. Des négociations de licence entre MENCK et NIPPON SHARYO ont été conclues grâce à Edwin Frutiger et en 1960 les scrapedozers ont commencé à être fabriqués sous licence au Japon.
- NIPPON-SHARYO (NISSHA) ont commencés par reprendre le concept et la licence du MENCK SR53. En s'inspirant de la conception Allemande ils ont crée les SR62, SR63, SR140M (SR40 en Allemagne). Les Japonais ont rapidement développé en interne leurs propres produits. D'abord les SR264 séries A,B,C, puis en 1990-1995 les excellents SR280P-1 et SR280P-2 plus connues sous les noms SR2000/SR2001. Ces machines étaient réimportées en Europe par FRUTIGER.
- En 1979 lorsque MENCK a fait faillite, WESERHÜTTE ont essayer de reprendre la distribution des pièces de rechange et la vente des scrapedozers NISSHA SR264 fabriqués au Japon. Cela n'a probablement pas très bien fonctionné, car l'entrepreneur Suisse Manfred Bührer, utilisateur de scrapedozers MENCK et partenaire de la marque, ne pouvait plus obtenir de pièces de rechange pour ses machines.
Lorsqu'il est entré en contact avec les Allemands, ils lui ont suggéré d'acheter les licences du SR 85, ce qu'il fera pour fabriquer ses propres machines de 1981 à 1998, les BÜHRER SR85, SR928 et Operator 1030-1 puis -2, dont une grande partie sont encore utilisés aujourd'hui en Suisse et en Allemagne.
- Dans les années 1980-1990 en Russie, deux fabricants se sont lancés dans la conception de scrapedozers gigantesques ! La société CHELYABINSK TRACTOR PLANT ChTZ (Челябинский тракторный завод "ЧТЗ") a commencé par fabriqué le DZ-194 de 60 tonnes avec une capacité comprise entre 15 et 18m³. L'institue de recherche VNIISTROYDORMASH (ВНИИстройдормаш) ont ensuite conçu un second scrapedozer encore plus impressionnant, le ZTM-25, qui est à ce jour le plus gros au monde avec ses 70 tonnes à vide, 550 chv et une capacité de 25m³. Il se dit que ces projets ont été arrêté à la suite de fissures et de casses lors des tests.
- A la fin des années 1990 lorsque NIPPON-SHARYO arrêta la fabrication de scrapedozers, c'est son importateur Européen FRUTIGER qui reprit le développement de nouvelles machines pour faire perdurer l'utilisation de scrapedozer en Europe de l'ouest.
- Le SR2001 a été légèrement modifié en SR-T10.
- À partir de l'année 2000, FRUTIGER ont développé en interne leurs propres machines afin de les adapter aux exigences des chantiers européens, d'abord avec le premier SR3000 d'une capacité de 15m³ en 2004, puis une seconde génération de SR3000 de 18m³ en 2007 finalement renommé SR-T18 et présenté à la Bauma Munich 2010.
- Pour compléter leur gamme "TIGER" ils ont développé à partir de 2010 des scrapedozers SR-T12 (12m³) qu'ils ont fabriquer en Chine avec la collaboration de leurs sous-traitant RUILONG HEAVY INDUSTRY SCIENCE & TECHNOLOGY (RLZG).
- Au total, certains spécialistes estiment à 3 000 unités le nombre de scrapedozers fabriqués dans le monde.
- Aux Usa, il existe un scrapedozer militaire, le M9 Armored Combat Earthmover (M9ACE) décliner en plusieurs versions plus ou moins récentes.
- Actuellement en 2020, il existe trois modèles de scrapedozers encore fabriqués ou en cours de développement, le YAMAZAKI SRY-E au Japon, le NORTHEN HEAVY INDUSTRY T12 en Chine et une machine en cours de développement en Europe.
- L'entreprise de terrassement Japonaise YAMAZAKI qui possède un grand nombre de scrapedozers NISSHA souhaite renouveler son parc de SR280P (SR2000) car les machines sont vieillissantes.
Ils développent et fabriquent depuis quelques années une machine en interne, le SRY-E en reprenant des pièces du bulls CAT D7E, notamment sa transmission électrique ! Une vingtaine d'unités sont prévues, toutes pour leurs propres besoins.
- NORTHEN HEAVY INDUSTRY est un fabricant Chinois qui souhaite fabriquer un scrapedozer de conception et de fabrication 100% Chinoise. Leur premier prototype T12 a été présenté en Mars 2020 et ils souhaitent le commercialiser à partir de l'automne 2021 en version diesel et électrique sur batteries, deux autres machines de tailles différentes sont également en projet pour compléter leurs offres.
- Depuis 2018 en Europe, un nouveau scrapedozer est en cours de développement par un constructeur de machines spécifiques en collaboration avec une entreprise de terrassement, ensemble ils ont les moyens de faire perduré l'utilisation de scrapedozers sur notre continent, je leur souhaite de réussir dans ce projet ambitieux et fantastique.
La machine :
Le scrapedozer est une machine polyvalente qui peut être utilisé dans de nombreuses applications ; décapage et terrassement de plateformes ou de routes, travaux de découverte en carrière / sablière, extraction / production dans des gisements d'argile ou de sable / gravier, travaux dans l'eau, etc...
L'utilisation d'un scrapedozer est idéale sur des distances de transport comprises entre 50 et 500 mètres où celle-ci est trop longue pour un bulldozer classique et trop courte pour un tombereau ou scraper automoteur à pneus et permet ainsi de limiter les coûts de fonctionnement. Le scrapedozer possède des avantages importants, outre sa vitesse de translation et ses rendements horaires il est très à l'aise sur les terrains les plus difficiles. Il est à lui seul une chargeuse/pelle et un transporteur avec la faculté de déverser le contenu de sa benne tant en marche avant qu'en marche arrière. Il possède une lame avant qui lui permet de ne pas avoir besoin de l'aide d'un bulldozer et il peut être équiper d'autres accessoires.
Malgré leurs performances élevées et leur qualité de "multitâches", les scrapedozers ne sont pas très courants et même inconnus de nombreux acteurs de la construction. Les coûts d'acquisition et d'entretien élevés sont également critiqués.
Mais avant tout, le scrapedozer c'est surtout une histoire de développement légendaire. La petite communauté de fabricants, de fournisseurs et d'opérateurs veulent conserver les avantages notables de cette machine de construction la plus exclusive au monde et l'utiliser sans se laisser décourager par toutes les tendances ; Un homme, une machine, quatre actions ; Terrassement, chargement, transport et mise en place des matériaux.
- Profondeur maximum de terrassement par passe : jusqu'à 48 cm suivant les machines.
- Largeur maximum par passe : jusqu'à 1,9 mètres suivant les machines.
- Capacité : variante selon les modèles, à partir de 4m³ mais actuellement de 10 à 18m³.
- Longueur de remplissage : 25 à 45 mètres suivant la profondeur de travail.
- Durée de remplissage : 20 à 40 secondes suivant le terrain, les matériaux et l'opérateur.
- Vitesse de déplacement maximum : 20 km/h.
- Distance d'utilisation idéale : 50 à 500 mètres.
- Déchargement via éjection.
À l'avant peuvent se trouver différents outils ; une lame disponible en plusieurs versions ou un ripper tridents pour scarifier le sol.
L'opérateur est assis au-dessus de la caisse, dans une cabine où le siège est positionné à 90° par rapport au sens de marche pour avoir une bonne visibilité aussi bien à l'avant qu'à l'arrière puisque la machine travaille le plus souvent en va et vient (en navette sans manœuvre de demi-tour). De gros leviers mécaniques ou joysticks servent à conduire le scrapedozer.
Enfin on retrouve toute la partie "entrainement" de la machine (moteur, transmission, pompes, etc...) à l'arrière et en hauteur pour permettre le travail dans l'eau. Étant donné que le moteur et la cabine sont montés sur le dessus de la caisse, le poids combiné contribue à une bonne pénétration dans le sol.
- L'entreprise de terrassement Japonaise YAMAZAKI qui possède un grand nombre de scrapedozers NISSHA souhaite renouveler son parc de SR280P (SR2000) car les machines sont vieillissantes.