Voici l'histoire d'une ligne ferroviaire atypique ; surnommée la Présidentielle, elle reliait Dole, ville natale de Pasteur, à Poligny.
Jules Grévy
C'est en 1841 que l'idée d'une ligne ferroviaire reliant ces deux villes est née. Une ligne de tramway, un temps envisagée, est délaissée au profit d'une ligne classique, à écartement normal en 1879, sous l’influence notamment du père de Jules Grévy. Plusieurs tracés sont envisagés. La même année, Jules Grévy accède à la fonction présidentielle et tout s’accélère. Le président classe ce projet d’utilité publique, avec d’autant plus de conviction que la ligne lui permet d’accéder plus facilement à Mont-sous-Vaudrey, son bourg natal, depuis Paris ! Auparavant, il devait emprunter une autre ligne qui le déposait à 6 km de la maison familiale.
Parcey, peu après Dole. La machine est une 030 PLM.
Le 20 août 1884, la ligne est ouverte au trafic, dix jours plus tard, Grévy l’inaugure officiellement. C’est la compagnie du PLM qui l’exploite. Durant trois ans, à compter de 1884, Jules Grévy circule chaque vendredi et dimanche soir à bord du train présidentiel. Il dispose d’une voie spéciale en gare de Mont-Sous-Vaudrey. C’est de là que la ligne tient son surnom de présidentielle. A cet égard, ses travaux de construction seront particulièrement soignés. Ainsi, on peut encore voir à certains endroits des caniveaux en pierre de taille.
La ligne dans son état actuel.
Las, comme beaucoup d’autres lignes d’intérêt local, son trafic s'érode inexorablement et les circulations voyageurs cessent le 5 mai 1938. Elles sont provisoirement rétablies le temps de la mobilisation. Une première section, celle de Mont-sous-Vaudrey à Aumont, est déclassée en juillet 1964, puis déferrée 4 ans plus tard. Celle de Souvans à Mont Sous Vaudrey suit quelques temps plus tard et c’est en 2005 que la dernière partie, de Dole à Mont-sous-Vaudrey est fermée à la circulation des marchandises.
Au temps de la splendeur.
Voici un témoignage d'une circulation sur cette ligne, publié sur le site suivant : (https://www.mecanictrains.fr/passages_non_publies.html)
-« Avant d’être nommé élève-Mécanicien, j’ai dû faire bien des courses comme chauffeur. En 1963, il y avait quelques 140 J, dont la J 83. C’est la première machine que j’ai chauffée « à la main ». Un jour, je suis commandé avec le Mécanicien Gaby Pernin. Sur le document était curieusement inscrit : « spécial Dole-Aumont ». Je m’en souviendrai de ce « spécial ». Tu parles, Aumont c’était la dernière gare de l’ancienne ligne Dole-Poligny, après il n’y avait plus rien, c’était déjà déferré. Je me demandais bien ce que l’on allait bien foutre dans ce trou perdu. Les manœuvres dans les gares étaient si longues et fastidieuses, qu’en fait nous n’avons pas été plus loin que Mont-sous-Vaudrey (19 km de Dole). En ligne, Gaby me montrait la voie devant nous : incroyable mais vrai, les tire-fonds se soulevaient devant la machine ! Pas de quoi être rassuré. Il fallait s’arrêter avant et après tous les P.N. Nous y avons passé la journée, pour ramener en tout et pour tout cinq wagons de betteraves. Partis vers 10 h le matin, nous sommes revenus à 18 h. Au dépôt, ils étaient persuadés que nous avions déraillé ! »
Encore à l'orée des années 2000, de temps à autre, un "yoyo" conduisait encore quelques wagons à l'usine, dite des « radiateurs », sise dans le faubourg de la Bédugue à Dole.
La voie verte...
En 2006, une tentative de sauvegarde par l'Association du Chemin de Fer du Val d'Amour voit le jour. La création d’une ligne touristique est lancée. Les travaux avancent, on trouve même une petite locomotive et puis l’association périclite, elle est ralliée à Compagnie des Véhicules Anciens, basée à Cercy-la-Tour.
A ce jour, le projet est abandonné et c'est une idée de piste cyclable qui semble germer dans la tête des élus locaux. C’est regrettable car cette ligne au passé remarquable méritait mieux que l'oubli.
Dole-Poligny (39) La présidentielle
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